mardi 23 septembre 2008

Darcos l'iconoclaste

"Est-ce qu’il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits délégués par l’Etat, que nous fassions faire l'ENA à des personnes dont la fonction va être essentiellement de servir la soupe aux patrons?"
C'est en ces termes peu amènes que Xavier Darcos a commenté l'action du gouvernement Fillon. Cette nouvelle sortie du ministre de l'Education n'a bien sûr pas été du goût de tous, et la révolte gronde dans les rangs de la majorité. Une opposition que Darcos prévoyait d'ailleurs, affirmant que "la question du rôle du politique me paraît devoir être posée, mais elle est très difficile à soulever, sans immédiatement amener avec elle une tempête de polémiques".


"- On retrouvera les responsables de cette crise financière, je te le jure..!
-Cherche pas trop quand même!"

Le premier à dégainer fut bien sûr François Fillon, qui a vertement rappelé à l'ordre son ministre. "Il est inadmissible de stigmatiser ainsi toute une profession. On est dans le domaine de l'injure." Quant au problème de fond soulevé par Xavier Darcos, à savoir l'asservissement des politiques aux desiderata des patrons, le premier ministre a tenu à s'inscrire en faux : "Ces critiques sont ridicules. Le gouvernement prouve chaque jour son indépendance. Que ce soit le paquet fiscal, la réforme de l'audiovisuel, le temps de travail, les OGM, les pesticides, la TVA dans la restauration, toute l'action du gouvernement est dictée par l'intérêt général". Patrick Devedjian, le secrétaire général de l'UMP a jugé ces attaques particulièrement "dégueulasses", et soupçonne Xavier Darcos de s'attaquer directement au chef de l'Etat : "On voit clairement qui est visé. Nicolas Sarkozy est ami avec de grands entrepreneurs, Lagardère, Bouygues, Bolloré. Mais tout ceci est du domaine de la vie privée et elle n'interfère en rien dans le fonctionnement de l'Etat".

"Je te parie que même une tête de con comme toi peut devenir président si TF1 le soutient"


La presse française était unanime ce matin pour dénoncer la dérive populiste du ministre. Les journaux de messieurs Dassault, Lagardère, Bolloré et Rotschild faisaient front commun pour défendre la démocratie de ces assauts perfides. Bernard-Henry Lévy, dans son bloc-notes du Point, revenait sur son "amitié sincère avec François Pinault", mais s'inquiétait de voir la France "s'enfoncer dans une rhétorique du tous-pourri qui rappelle les heures les plus noires de l'histoire. Soupçonner nos élites de collusion, de corruption, c'est accréditer la thèse du complot et c'est un pas de plus vers le négationnisme".

Devant ce déferlement médiatique, Xavier Darcos a opposé un démenti via un communiqué de presse. Il dit en substance que "ses propos ont été déformés et qu'à aucun moment il n'a mis en doute l'intégrité de la classe politique".

Une pour lécher le cul des patrons, et une pour insulter les profs


Par ailleurs, invité ce matin sur RTL, le ministre a tenu à réaffirmer son engagement de supprimer 18 000 postes d'enseignants cette année : "Les finances de l'Etat ne peuvent plus supporter la charge de ce ramassis de feignasses."

La démocratie est sauve.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà... bien dit !

:-)

Dans le registre "on lui cherche des noises", Luc Ferry, ancien ministre reconverti au syndicalisme en rajouter une... couche !

http://www.lesmotsontunsens.com/luc-ferry-reforme-education-mauvais-pour-les-eleves-xavier-darcos-europe-1

Anonyme a dit…

Excellent!
bravo!

Anonyme a dit…

L'idéal serait de faire de la France une nation bilingue bilingue.

Anonyme a dit…

Evidemment, il y a toujours la possibilité de demander aux énarques de changer les couches des grands patrons.
Et après, ils peuvent passer au sénat.
A moins que ce soit miction impossible.

D'autre part, on se demande bien ce que c'est que cette marotte d'exiger que les écoliers français parlent deux langues quand on peut devenir président sans en maîtriser une seule.

Remarque: Anonyme ne se fera pas un nom! C'est bien dommage.

Trollquirigole a dit…

On l'a pas déja la france bilingue bilingue?

PS: vous oubliez darty...la famille, c'est sacrée !